21/04/2009
Nous ne sommes pas dans un désert éthique.
Ce ne sont pas les sciences en tant que telles qui posent des dilemmes éthiques, mais les pratiques, les conduites, les usages qu'elles rendent possibles. La question se complique très vite par le fait que désormais les sciences impliquent elles-mêmes, pour leur propre développement, des pratiques, des techniques, des manipulations. Lorsque celles-ci ont lieu sur le vivant, et singulièrement sur le vivant humain, l'éthique est plus spécialement convoquée.
Par « éthique » j'entends l'attention aux biens humains fondamentaux impliqués par les conduites. C'est lorsque la vie est concernée dans ses situations de plus grande fragilité que les enjeux éthiques sont les plus vifs : en son commencement, en sa fin, face à la maladie, au handicap, à la dépendance sous ses différentes formes. Là est le domaine privilégié de ce que l'on nomme, de manière quelque peu inappropriée, la « bioéthique ». Mais il faut aussitôt souligner que les questions soulevées ne proviennent pas seulement des avancées de la connaissance. Il s'en faut de beaucoup. Des pratiques comme l'insémination artificielle, comme la gestation pour autrui, l'euthanasie ou l'homoparentalité ne proviennent pas exactement de progrès scientifiques. Elles proviennent d'évolutions culturelles, idéologiques, de faits de mentalités.
Il m'est demandé de dire de quelle manière je conçois mon intervention comme chrétien, comme membre de l'Église catholique, comme philosophe et théologien, dans ce débat, tout spécialement au sein du Comité Consultatif National d'Ethique. À vrai dire, si l'inspiration du croyant en sa source est religieuse, si cette inspiration est attendue – j'en ai reçu des témoignages – j'ai très vite expérimenté que c'est surtout le philosophe qui est entendu. C'est seulement l'argumentation philosophique qui a une pertinence. Je pense souvent à la formule d'Emmanuel Levinas selon laquelle « parler philosophiquement, c'est parler en s'adressant à tous ». Ce sont des biens humains fondamentaux qui sont en jeu, non des biens confessionnels.
Nous ne sommes pas dans un désert éthique
Avant d'évoquer les points de divergence, je veux d'abord souligner – ce sera ma première partie– que nous ne sommes pas dans un désert éthique. Il serait erroné de penser ou de parler comme si nous étions une citadelle assiégée, entourés d'interlocuteurs fascinés par la toute puissance, sans repères moraux, comme si la foi ou la révélation nous donnaient des lumières exclusives dans un monde livré à l'obscurité.
En réalité, sur de nombreux sujets, il existe en France un large champ de consensus éthique, dont nous ne sommes pas toujours conscients. Les points sur lesquels la parole chrétienne – plus spécialement catholique – est amenée à faire entendre un désaccord sont en nombre limité. Ils concernent moins ce que l'on nomme les « valeurs » (terme vague) que les enjeux anthropologiques, c'est-à-dire la conception fondamentale de l'humain. Le droit français n'hésite pas à se référer à des principes.
Quatre principes font actuellement l'accord des esprits, même si, dans telle ou telle circonstance, leur application peut poser des questions :
1. l'indisponibilité du corps humain,
2. la non-commercialisation du vivant,
3. la dignité de la personne,
4. l'autonomie du sujet et son libre consentement.
On pourrait montrer que les deux premiers principes présupposent toute une philosophie du corps, à laquelle l'Église ne peut que souscrire : celui-ci n'est pas une chose, pas une marchandise ; il participe à la dignité de la personne. Les principaux points de divergence concernent les deux derniers principes énoncés – non dans leur contenu, mais dans leur domaine d'application. Tout le monde reçoit l'impératif kantien : « Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité, dans ta personne et dans celle d'autrui, toujours en même temps comme une fin, jamais seulement comme un moyen (1) ». La question est alors : à partir de quel seuil reconnaître l'humanité, la personne elle-même ? L'humanité du corps qui n'a pas encore de visage, ou un visage totalement défiguré ?
On peut être tenté de douter que le respect de la personne fasse norme lorsqu'une vie commence à peine, au stade de 8 ou 64 cellules, avant l'implantation dans un utérus, ou lorsque les conditions empiriques d'expression et de bien être semblent faire défaut. Le mot « dignité » lui-même peut prêter à des usages très divers. La dignité est-elle une propriété intrinsèque de la personne, liée à sa reconnaissance comme telle, ou un ensemble de capacités, de performances, de qualité de vie ?
L'Église n'est pas la seule à appeler à un respect de la vie en son commencement ou dans sa fin. La très subtile loi «Léonetti », qui a été votée à l'unanimité, pose que « le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie (2) ». « La dignité ne décline pas avec nos forces, la maladie n'altère pas notre humanité, pas davantage que l'approche de la mort », affirmait récemment la ministre de la santé (3). Pour l'embryon lui-même, je ne rencontre que des interlocuteurs qui reconnaissent et affirment qu'il doit être respecté. Tous ont en tête l'article 16 du Code civil selon lequel « la loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l'être humain dès le commencement de sa vie ». À plusieurs reprises, le Comité consultatif national d'éthique a explicité ce principe. Ainsi, en son avis n° 8 : « L'embryon humain, dès la fécondation appartient à l'ordre de l'être et non de l'avoir, de la personne et non de la chose ou de l'animal. Il devrait éthiquement être considéré comme un sujet en puissance, comme une altérité dont on ne saurait disposer sans limite et dont la dignité assigne des bornes au pouvoir ou à la maîtrise d'autrui (4) ». Plus récemment, en 2001, dans un avis concernant l'avant-projet de révision des lois de bioéthique, il affirmait : « La position de fond défendue par le Comité consiste à reconnaître l'embryon ou le fœtus comme une personne humaine potentielle, dont le respect s'impose à tous. (5)»
C'est à partir du terme « potentiel » que vont se manifester les divergences. L'Église fait partie de ceux qui affirment que l'embryon n'est pas seulement une personne potentielle, mais une personne commencée, initiée. La non évidence de cela donne place à des divergences d'appréciation sur les transgressions possible du principe : en cas de détresse, en cas de malformation ou pour la recherche. Mais, là encore, nous ne sommes pas dans le « n'importe quoi » : les lois de 1994 et 2004 interdisent expressément la production d'embryons en vue de la recherche, de même que le clonage dit thérapeutique – a fortiori bien sûr le clonage reproductif.
Le débat, en France porte sur un enjeu bien cadré. La loi de 2004 a posé une dérogation au principe que je viens de rappeler : pendant une période de cinq ans, « les recherches peuvent être autorisées sur l'embryon et les cellules embryonnaires lorsqu'elle sont susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs et à la condition de ne pouvoir être poursuivies par une méthode alternative d'efficacité comparable, en l'état des connaissances scientifiques ». Il est précisé que cette recherche « ne peut être conduite que sur les embryons conçus in vitro dans le cadre d'une assistance médicale à la procréation, qui ne font plus l'objet d'un projet parental. »
Les termes du débat se précisent ici : faut-il maintenir ou abroger cette dérogation ? Ou encore faut-il la rendre pérenne en supprimant l'interdit lui-même ? C'est un des points qui vont être débattus dans le cadre de la prochaine révision de la loi de 2004. La demande des chercheurs porte sur des embryons conçus in vitro et qui ne font plus l'objet d'un projet parental. C'est dire qu'ils n'ont aucune chance d'être implantés et qu'ils sont voués à être détruits. C'est accorder aux notions d'implantation, de projet parental et de vie à venir un rôle décisif, les érigeant en critères d'humanité. À moins que la visée de progrès thérapeutiques ne soit considérée – je l'ai entendu – comme une manière de reconnaître l'humanité de l'embryon.
Le rôle de l’Église : poser des questions
C'est ici que le rôle de l'Église – et ce sera ma deuxième partie – est d'abord de poser des questions. D'interroger. De faire ressortir la part d'inconnu, de non savoir dans ce qui se donne dans une apparente évidence. Comme la philosophie, mais pour d'autres raisons : je pense que la foi pousse plus radicalement l'interrogation que le doute philosophique. Il y a toujours un moment où la rationalité est tentée de boucler sur elle-même, alors que la foi est radicalement, intrinsèquement, ouverture à l'inconnu.
Ici, la part d'inconnu n'est pas mince ! Qui pourrait vraiment affirmer qu'il détient la définition d'un seuil du commencement de la personne, de l'humanité, une fois que la vie a commencé ? Il n'y a pas de définition convaincante. Ni la nidation, ni le projet parental ne sont des critères suffisants. Chacun le pressent bien. Et cela pour une raison bien simple, à savoir que les notions ne sont pas du même ordre. Ni la personne ni l'humanité ne se perçoivent sous un microscope. Ce ne sont pas des notions scientifiques. Elles ne sont reconnues que dans un acte de foi, fût-ce une foi totalement séculière. Les croyants sont gardiens du non savoir : l'origine nous échappe, elle est radicalement inobjectivable. Elle ne coïncide avec aucun commencement. La différence entre « commencement » et « origine » est bien connue des philosophes. Il n'y a pas de seuil parce que la croissance de la vie, du corps, est un processus continu. « Le développement d'un individu à partir d'une seule cellule est une des manifestations les plus fascinantes et les plus mystérieuses des potentialités du vivant (6) », écrit le biologiste Jean-Claude Ameisen – qui, à ma connaissance, ne se présente pas comme catholique. Quant au critère du projet parental, souvent avancé, il ne peut pas longtemps être considéré comme un critère suffisant d'appartenance à l'humanité. Qui pourrait accepter que la volonté d'une ou deux personnes décide de l'appartenance ou non d'un être à l'espèce humaine ? Cela s'est hélas vu aux temps de l'esclavage. Qui pourrait l'accepter ? En vérité, ainsi que le déclarait Jean-Paul II, « il ne revient pas à l'homme de déterminer le seuil d'une humanité ».
Il faut donc dépasser le schéma selon lequel les chercheurs chercheraient, les scientifiques s'interrogeraient, alors que les croyants seraient bardés de certitudes, de dogmes. Et si le schéma était inversé ? N'est-ce pas parfois le monde sinon scientifique, du moins technique, qui obéit à des évidences – telle par exemple, celle qui est contenue dans la notion d'utilité thérapeutique – et le croyant qui interroge ces évidences ?
On pourrait trouver d'autres exemples. Les débats autour de la gestation pour autrui posent la question : qu'est-ce qu'une grossesse ? Que se passe-t-il pendant la gestation ? Peut-on considérer ce temps comme une parenthèse, au terme de laquelle l'enfant pourrait être rendu à ses parents d'origine ? Une naissance peut-elle faire l'objet d'un contrat ? A-t-elle un prix ? Pourquoi valoriser, dans ce cas, la filiation génétique alors que dans d'autres situations, tel le don de gamètes, elle semble passer au second plan ? À propos du don de gamètes, précisément, certaines questions sont instructives par le fait même qu'elles sont insolubles : faut-il maintenir ou non l'anonymat du donneur ? Le gamète n'est-il qu'un simple matériau, un instrument permettant une naissance, ou est-il inscrit dans une histoire, en provenance d'une personne, porteur de ses caractéristiques héréditaires, prenant place dans une généalogie ? Il est des cas où une attention sans limites à la souffrance conduit à oublier ce qui est en jeu. Dans son livre-témoignage où il pose très bien ces questions, Arthur Kermalvezen écrit : « Tout est fait pour déresponsabiliser au maximum les couples qui, à cause de leur souffrance, sont reconnaissants aux blouses blanches au point d'en oublier de penser (7) ».
Globalement, la grande question, la question de fond est : que veut dire "être humain", appartenir à l'humanité ? Cela ne signifie pas seulement appartenir à l'espèce humaine, comme à une espèce animale. Cela signifie être intégré à une histoire, reconnu, nommé. Mais nul ne pourrait prétendre que ce versant relationnel, volontaire soit suffisant. Être humain, ce n'est pas seulement être déclaré tel par d'autres êtres humains. C'est aussi, c'est d'abord avoir reçu un corps, un corps singulier. Comment tenir ensemble ces deux ordres, celui du corps, celui de la parole, sans absolutiser aucun des deux ? Comment articuler avec justesse corps et parole, en évitant de sacraliser soit l'une soit l'autre ? Comment reconnaître, en deçà de cet embranchement, la dimension donnée de la vie ? Que signifie "la vie est don"? Y a-t-il un acte ou seulement des processus derrière ce don ? Nous sommes là confrontés au non savoir. À un non savoir radical, qui est celui de l'origine. L'origine – du latin orior, se lever – échappe radicalement à tout savoir. Ce non savoir est un appel au respect. Appel au respect de ce qui est à tout le moins une vie humaine commencée, un corps humain en développement, un être humain initié.
Deux points de questionnement
Ces interrogations ne concernent pas seulement le commencement ou la fin de la vie. Pour élargir la perspective, j'évoquerai, dans une troisième partie, deux autres points de questionnement.
Les limites du principe d'autonomie.
L'autonomie du sujet, le respect de son consentement éclairé est au cœur des dispositions juridiques et du discours consensuel aujourd'hui. Que ce principe soit central, en lien avec celui de dignité, est indéniable. Mais qu'il soit suffisant, qu'il puisse être érigé en norme absolue est une autre affaire. Il doit être clarifié et complété. L'autonomie morale, telle que la définit Kant, n'est pas l'autonomie empirique ou psychologique. Elle est ouverture à l'universel et donc à des biens humains fondamentaux qui débordent la seule situation particulière. Ce principe doit donc être complété par d'autres principes, à commencer par ceux de solidarité et de bien commun. Par ailleurs, la notion de « consentement libre et éclairé » pose de nombreuses questions. Dans des situations comme le diagnostic prénatal, les personnes sont souvent dans une grande vulnérabilité. Quelle autonomie peuvent-elles exercer ? Les livrer à leur seule décision, n'est-ce pas faire peser sur leurs épaules une lourde charge ? Plus même, n'y a-t-il pas des situations où, comme le préconisait récemment la Commission nationale consultative des droits de l'homme, « la personne doit être protégée contre elle-même (8) » ? Fondamentalement, et nous touchons là plus spécifiquement aux intuitions des religieux – pas seulement chrétiens – l'autonomie de la personne est centrale mais elle n'est pas absolue. Elle renvoie à une obéissance, une réception, un don. Selon les termes de Levinas, la liberté en son fond est « une autonomie reposant sur une suprême hétéronomie (9) ».
Pouvons-nous être cartésiens jusqu'au bout ?
Chacun se rappelle le propos du Discours de la méthode selon lequel les sciences pourraient nous rendre « maîtres et possesseurs de la nature (10) ». Globalement et fondamentalement, tous les esprits éclairés perçoivent aujourd'hui le caractère irréalisable – heureusement irréalisable – de cette utopie. Mais, dans le détail, face aux questions particulières, face aux souffrances surtout, face aux nouvelles possibilités pratiques, il est difficile de poser une limite à la logique de la maîtrise. Un exemple qui est plus qu'un exemple : l'interruption médicale de grossesse. Initialement, dans les lois de 1975 et 1994, celle-ci était envisagée seulement pour « les affections d'une particulière gravité, reconnues comme incurables au moment du diagnostic ». Mais le nombre des affections pouvant être identifiées n'a cessé de croître. Parallèlement, l'intolérance à certaines déficiences ou malformations n'a cessé elle aussi de grandir. Ce qui fait que des voix s'élèvent désormais contre un risque de dérive eugénique. Même si le terme reste connoté péjorativement, la pratique risque de se mettre en place. Dès lors qu'il y a un diagnostic de trisomie 21, dans 96 % des cas, en France, est prise la décision d'interrompre la grossesse. La trisomie est pourtant loin d'être la plus grave des affections. Et il y aurait matière à réflexion sur le rejet qu'elle suscite. Plus même, des statistiques indiquent que 8% environ des interruptions médicales de grossesses ont lieu suite à un diagnostic de fente labiale ou palatine. Oui, l'intolérance à la malformation grandit. Des expressions redoutables voient le jour, comme « qualité des gamètes », « qualité de vie », « enfant de qualité ». Il y a un moment où l'accueil de la vie dans ses imperfections fait partie de la vérité de la vie. Nul ne peut se mettre à la place des personnes concernées, mais il y a une dimension collective, sociale, culturelle de la question.
Un des écueils actuels, qui se profile pour d'autres enjeux, comme la procréation à tout prix, est de vouloir tout résoudre par la médecine. C'est d'un médecin que je tiens cette idée. Non, la médecine ne peut répondre à tout, soulager toutes les souffrances. C'est moins la volonté de puissance que la compassion excessive qui est ici en jeu. Stéphane Zweig parlait de la « pitié dangereuse ». Il y a un moment où cette pitié fait oublier d'autres biens humains fondamentaux. Dans son avis 72, le CCNE affirmait : « la vraie maîtrise consiste à savoir où s'arrêter ». Selon les termes d'une jeune philosophe, « être avec n'est pas nécessairement agir (11)».
Pour finir, je réunirai trois principes fondamentaux auxquels la foi chrétienne peut nous rendre particulièrement sensibles, ou encore attentifs, ou encore vigilants. La vigilance non comme supériorité ou monopole, mais comme responsabilité. Selon les termes de Kierkegaard, « le croyant est un veilleur ».
Le premier principe sera celui de vulnérabilité. La vulnérabilité est l'envers de l'autonomie. Elle appartient intrinsèquement à la condition humaine. Il est des situations où elle se manifeste tout particulièrement. La tentation serait de vouloir la nier. Certains détournements de sens du mot « dignité » expriment cette négation. C'est au contraire à partir des situations de plus grande vulnérabilité que l'inspiration chrétienne interprète l'existence : l'enfant, le malade, le vieillard, la personne handicapée ou dépendante, l'enfant à naître. Le sort fait aux situations de plus grande fragilité sera le critère de jugement éthique prioritaire.
Le deuxième principe sera celui de l'incarnation. L'unité de la personne, ce qui veut dire du sujet et de son corps, est centrale en christianisme. Cela correspond à une intuition existentielle. L'être humain est un. C'est au cœur de la chair que souffle l'esprit. Cela est particulièrement sensible devant le visage, devant le corps d'un enfant qui vient de naître. Il n'a pas encore nos capacités, nos compétences, nos performances et pourtant nous reconnaissons en lui un être déjà spirituel (12). Comment cela ne serait-il pas déjà vrai, déjà à l’œuvre dans l'invisible du corps maternel ?
L'éthique chrétienne, catholique surtout, a du goût pour le réalisme de la vie donnée par le corps, dans le corps. La vie spirituelle, autrement dit la personne, n'est pas seulement mentale, culturelle. Le réel humain ne se réduit pas au biologique, mais il passe par lui. Il se donne à travers lui, il l'intègre. L'attention au corps oblige au dépassement du subjectif, ou à toute forme d'idéalisme. Le corps est signifiant. Le donné biologique lui-même est signifiant. L'émerveillement devant la croissance de l'embryon, puis du fœtus est la face affective de cette conscience. Comme le disait un théologien orthodoxe, « la nature est le langage le plus immédiat du créateur ». Affirmer cela ne revient nullement à sacraliser la vie. Il y a longtemps que la pensée judéo-chrétienne a appris à désacraliser la vie. On peut s'émerveiller devant la vie sans la sacraliser, c'est-à-dire sans en faire un absolu, en reconnaissant que l'essentiel est spirituel. Mais, comme le disait Péguy, « le surnaturel est lui-même charnel ».
Le troisième principe sera de dépasser le point de vue individuel. Ce qui est en jeu dans ces questions ne relève pas seulement du désir, des droits, voire des souffrances individuels. C'est le sens du lien qui est engagé, des liens interpersonnels mais aussi du lien social. Celui-ci passe par des valeurs communes, des interdits communs, des options communes. Le député Jean Léonetti souligne dans un entretien que le rapport à la personne en fin de la vie implique le sens « de la solidarité et du lien (13) ». L'enfant à naître est appelé à entrer dans un ensemble de liens : liens de parenté, d'affiliation, impliquant une structure familiale. Quelle chance aura-t-il d'avoir un père et une mère ? Une généalogie cohérente et lisible ? L'éthique implique des options non seulement sociales, mais anthropologiques.
Vulnérabilité, incarnation, sens des liens, voici trois principes dont les chrétiens n'ont pas le monopole mais auxquels leur héritage, l'inspiration reçue de leur foi les rendent particulièrement attentifs et qu'ils peuvent partager avec d'autres croyants, comme avec des non croyants.
1. Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, deuxième section.
2. Loi du 22 avril 2005, relative « aux droits des malades et à la fin de la vie ».
3. Roselyne Bachelot, audition par la Mission d'évaluation de la loi sur la fin de vie, 14
octobre 2008. La Croix du 16.10.08.
4. Annexe à l'avis n 8, 1986.
5. Avis n° 67, 2001.
6. Jean-Claude Ameisen, La sculpture du vivant, Paris, Seuil, 1999, p. 22.
7. Arthur Kermalvezen, Né de spermatozoïde inconnu, Presses de la Renaissance, 2008, p. 5.
8. Commission nationale consultative des droits de l'homme, Contribution au débat « Droit de l'homme, bioéthique et rapport au corps », Paris, 2008.
9.« L'autonomie humaine est une autonomie reposant sur une suprême hétéronomie. » E. Levinas, Difficile liberté, Paris, Albin Michel, 1972, p. 25.
10. « Nous les pourrions employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont
propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » Le discours de
la méthode, VIe partie.
11. Agatha Zielinski, « Avec l'autre, la vulnérabilité en partage », Etudes, juin 2007.
12. « Personne ne peut dire à quelle profondeur un cœur d'enfant peut percevoir la
réalité des choses et de l'être ». Gustave Siewert, Aux sources de l'amour. Métaphysique de l'enfance (trad. fr.), Paris, Parole et Silence, 2001, p. 135.
13. Entretien, La Croix, octobre 2008.
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20/04/2009
GUY GILBERT PROPHÈTE DES TEMPS MODERNES.
20:54 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite, spiritualite de la liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
18/04/2009
L'IRRÉEL HOMMAGE A BASHUNG.
21:21 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans ARTISTES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts, foi, christianisme, spiritualite, spiritualite de la liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Proclamation de la Miséricorde.
©F&L-D. Lefèvre |
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Plus qu’une simple salutation, les paroles de Jésus sont une délivrance, mais aussi une invitation à la confiance. Voyant leur Seigneur, les disciples sont libérés de l’inquiétude, eux qui avaient « verrouillé les portes de peur des juifs ». Pour attester de son humanité, Jésus leur montre ses plaies. L’évangéliste précise alors qu’ils « furent remplis de joie », mais celle-ci acquiert un sens précis. C’est une joie à partager. Jésus envoie ses disciples en mission. Pour ce faire, il leur donne l’Esprit Saint afin qu’ils remettent les péchés des hommes et témoignent ainsi de la Miséricorde de Dieu. Intervient dans le récit Thomas, l’incrédule ; à travers sa personne, Jésus invite à la vraie foi : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Au début du vingtième siècle, Jésus donna à sainte Faustine son interprétation dynamique de la foi authentique, en parlant de la confiance : « Que les âmes qui tendent à la perfection adorent particulièrement ma miséricorde, car l’abondance des grâces que je leur accorde découle de ma miséricorde. Je désire que ces âmes se distinguent par une confiance illimitée en ma miséricorde. Je leur procure tout ce qui peut être nécessaire à leur sainteté. Les grâces de ma miséricorde se puisent à l’aide d’un unique moyen – et c’est la confiance ». En ce jour où nous fêtons la Miséricorde divine, puisons en elle la dynamique de notre confiance en Dieu, en nous-mêmes et dans les autres.
| Extrait de Feu et Lumière d'Avril 2009 (n° 282)
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13:31 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite, spiritualite de la liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
LE COEUR ENDURCI.
Tout comme le quatrième Evangile, la finale du récit selon Saint Marc présente elle aussi un rebondissement. Mais la discontinuité est ici bien plus nette : les douze derniers versets (Mc 16, 9-20) constituent indiscutablement un ajout postérieur - probablement du début du 2nd siècle – mais néanmoins considéré comme canonique.
« Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, il apparut d'abord à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons. » Marie de Magdala représente l’humanité nouvelle qui accède à la vie filiale, après avoir été libérée des liens du péché et de la servitude du Démon. Seul celui qui a éprouvé l’œuvre de salut dans sa propre histoire, peut annoncer le Dieu qui sauve de la mort.
L’attitude de cette femme contraste singulièrement avec celle des disciples, qui « s’affligent » et « pleurent ». La mort de leur Maître a ruiné leur espérance, au point qu’ils « refusent de croire » les témoins de la résurrection - que ce soit Marie Madeleine ou les disciples d’Emmaüs auxquels il est fait allusion (Mc 16, 12). Craignant de se laisser entraîner dans un nouveau mouvement d’enthousiasme sans lendemain, ils font la sourde oreille, ils ne veulent pas entendre. Que manque-t-il à ces hommes pour croire ? Les témoins sont crédibles, et la grâce divine est sans aucun doute au rendez-vous. Il semble plutôt que ce soit le « saut » de la foi qui leur fasse peur, ce « lâcher prise » du vieil homme, qui doit accepter de ne plus tout comprendre ni tout maîtriser. Peut être est ce dans ce sens qu’il faut interpréter le verset étrange que nous avons entendu proclamer hier dans l’Evangile selon Saint Jean : « Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement (le vêtement de la foi) et il se jeta à l’eau » (Jn 21, 7).
Aussi lorsque Jésus se manifeste à eux personnellement, il leur reproche vertement « leur incrédulité et leur endurcissement » sous-entendu « de cœur ». La foi est « Dieu sensible au cœur », disait Pascal ; elle ne consiste pas en un savoir rationnel sur Dieu, mais est une connaissance infuse par le Seigneur lui-même, qui se communique à nous en se donnant dans l’Esprit. Le « cœur » est traditionnellement le lieu de cette rencontre où se scelle la Nouvelle Alliance : « Voici que je me tiens à la porte (de ton cœur) et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3, 20).
Le « cœur endurci » est le cœur qui repousse cette invitation, par peur des exigences qui en découlent. Jésus réservait ce terme à ses ennemis les plus farouches : ceux qui refusent obstinément de voir en lui l’Envoyé du Père et dont le manque de foi met en échec l’œuvre de salut. Le blâme sévère infligé aux disciples ne signifie pas pour autant que Notre-Seigneur leur retire sa confiance, puisque cette réprimande débouche sans transition sur l’envoi en mission. Mais Jésus veut leur faire prendre conscience de leur responsabilité et de l’urgence de l’engagement apostolique : « Plutôt que de vous affliger sur votre sort et de verser des larmes stériles sur vos espoirs déçus, allez plutôt dans le monde entier, et proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création ». La foi ne supporte ni délai, ni hésitation : elle est tout entière don de soi à la cause de celui qu’elle aime. Elle est un « oui » inconditionnel dans une totale disponibilité au Christ Seigneur et Sauveur, qui nous fait l’honneur de nous appeler à sa suite : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, est impropre au Royaume de Dieu » (Lc 9,62).
Jésus ne détaille pas l’objet du kérygme : seule compte la « Bonne Nouvelle », qui chez Marc, fait corps avec la Personne même de Notre-Seigneur. C’est de lui qu’il nous faut témoigner : tout le reste en découle ; le christianisme n’est pas une idéologie, mais l’histoire d’une rencontre bouleversante avec le Dieu qui s’est fait homme pour que nous puissions participer à sa vie divine.
L’évangéliste souligne que le Seigneur surprend ses disciples « pendant qu’ils étaient à table… », suggérant (à nouveau) un contexte eucharistique. C’est là que les disciples de tous les temps sont appelés à venir refaire leurs forces, guérir de leur acédie et ressusciter de la mort spirituelle qui les guette dès qu’ils s’éloignent de la présence vivifiante du Ressuscité. La finale canonique du second Evangile met ainsi en évidence de manière concise et percutante, la nécessité pour l’Eglise de tous les temps, de se laisser vivifier par le Corps eucharistique du Ressuscité, pour pouvoir répondre à l’urgence de la mission.
« Seigneur, envoie sur nous ton Esprit, que nous prenions conscience de notre responsabilité au cœur de ce monde, et que nous proclamions avec saint Pierre : “Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu” (1ère lect.). »
Père Joseph-Marie.
13:27 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite, spiritualite de la liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
15/04/2009
Vidé de tout ce moi, remplis-moi de Toi”
C'est le moment de crier: souviens-toi des promesses que tu m'as faites, pour me remplir d'espérance; cela me console dans mon néant et remplit ma vie de force. Notre Seigneur veut que nous comptions sur Lui pour tout: nous voyons avec évidence que sans Lui nous ne pouvons rien, et qu'avec Lui nous pouvons tout Notre décision de cheminer toujours en sa présence s'affermit.
Notre intelligence, qui semble inactive, est illuminée de la clarté de Dieu et il nous paraît indubitable que, si le Créateur prend soin de tout — même de ses ennemis —, à plus forte raison Il prendra soin de ses amis ! Nous nous persuadons de ce qu'il n'y a ni mal, ni contradiction qui ne serve au bien: c'est ainsi que s'affermissent dans notre esprit la joie et la paix, qu'aucune raison humaine ne pourra nous arracher, parce que ces visitations laissent toujours en nous quelque chose de spécifique, quelque chose de divin. Nous louerons Dieu Notre Seigneur qui a réalisé en nous des œuvres admirables Et nous comprendrons que nous avons été créés avec la capacité de posséder un trésor infini.
Nous avions commencé par ces prières vocales, simples, charmantes, apprises dans notre enfance et que nous aimerions ne jamais abandonner. La prière, qui a commencé avec cette naïveté enfantine, coule maintenant largement, paisible et sûre au rythme de notre amitié avec Celui qui a affirmé: Je suis le Chemin. Si nous aimons ainsi le Christ, si nous nous réfugions avec une audace divine dans la plaie que la lance a laissée ouverte dans son côté, la promesse du Maître s'accomplira: si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure.(…) (Amis de Dieu, nos 305-306)
11:43 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SAINT JOSÉMARIA. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite, prieres, spiritualite de la liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
12/04/2009
QUAND LA SOLIDARITÉ DEVIENT UN DÉLIT.
QUAND LA SOLIDARITE DEVIENT UN DELIT.pdf
A lire pour militer avec nous afin que la dignité humaine soit respectée.
Vos manifestations et vos signatures nous aiderons grandement dans notre combat quotidien.
Merci.
Bruno LEROY.
http://www.delinquants-solidaires.org/
20:53 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MILITANTISME. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite, spiritualite de la liberation, catholique, action sociale chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
10/04/2009
JAZZER LA VIE.
Stiguibat-Un Quartet Atypique, un jazz Eclectique.mp3
19:45 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, catholique, spiritualite, action sociale chretienne, spiritualite de la liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
VIVRE L'INSTANT PRÉSENT.
Vous êtes dans votre cuisine et préparez le repas du soir. Mais votre esprit est envahi par mille réflexions qui vous ont agacé au travail dans l’après-midi, alors que vous étiez en réunion.
Stop ! Respirez. Revenez à ce que vous faites. Sentez le parfum des légumes que vous êtes en train d’éplucher, regardez les couleurs dans la cocotte, écoutez la musique qui s’échappe de votre salon et réjouissez-vous : vous êtes sur le point de dîner avec ceux que vous aimez. Rien d’autre à vivre en ce moment, alors profitez-en. Revenir à vos sensations corporelles vous y aidera.
Pourquoi vous inquiéter de ce qui a été, ailleurs, et sur lequel vous n’avez plus aucune prise ? Hier est passé, demain est un autre jour. Vous verrez bien alors de quelle énergie vous disposez pour améliorer vos relations, ou finaliser votre travail.
Entre-temps, vous serez différent, les autres aussi, et la réalité à affronter sera forcément nouvelle. D’apparence facile, ce petit exercice repose en réalité sur le socle fondamental des sagesses les plus anciennes, de la philosophie grecque au bouddhisme, et sur les dernières découvertes en psychologie positive, des thérapies cognitives à la méthode Vittoz : « vivre l’instant » y apparaît comme la solution à la plupart de nos problèmes, et l’un des moteurs les plus puissants pour accomplir ce que nous voulons. Encore faut-il savoir ce que l’expression recouvre. Car au fil des décennies de notre « hypermodernité », le terme a pris différentes significations.
Lutter contre le stress et l’anxiété, rien à voir avec le carpe diem joyeux, créatif et… gaspilleur des années 1970. « À l’époque, c’était cool de vivre au jour le jour », comme le rappelle avec ironie la publicité pour un groupe d’assurances. En photo sous ce slogan, une jeune hippie visiblement frappée d’inertie et d’insouciance. Triomphait alors « la culture du « tout, tout de suite », sacralisant les jouissances sans interdits, sans préoccupations des lendemains », comme le rappelle le philosophe Gilles Lipovetsky. Ces temps heureux de la croissance économique, du consumérisme tous azimuts nous laissaient croire que « le présent avait réussi à canaliser toutes les passions et les rêves ». Le vivre pleinement revenait donc à le dépenser, à se dépenser, à dépenser tout, puisque nos ressources semblaient illimitées. Très vite, les temps ont changé. « À partir des années 1980 et surtout 1990, un « présentisme » de seconde génération arrive, poursuit Gilles Lipovetsky.
Une certaine insouciance des jours a vécu : c’est dans l’insécurité que se vit, de manière croissante, le présent. » Celui-ci devient alors un formidable outil anti-angoisse. Le monde étant plus menaçant (récession économique, montée du terrorisme, grandes épidémies…) et la vie de chacun un espace plus menacé, l’ici et maintenant, sésame venu d’Asie, permet aux Occidentaux désorientés de traverser les zones d’incertitude et les épreuves.
Construire l’avenir et exister Aujourd’hui, dans nos années 2000, notre capacité à vivre le présent semble prendre encore une nouvelle couleur. « La priorité de l’après sur le tout de suite domine », analyse Gilles Lipovetsky. Nous avons pris conscience que les ressources de la planète n’étaient pas infinies, que notre santé reposait sur une prévention à long terme, que l’avenir des générations futures naissait ici et maintenant. Nous faisons des choix conscients dans le présent (circuler à vélo, manger bio, éviter de prendre l’avion…) pour mieux préparer l’avenir. Et puis « nous vivons une contraction du temps jamais expérimentée jusque-là, explique le prospectiviste Thierry Gaudin, en étant passés à la nanoseconde.
Certaines machines vont aujourd’hui plus vite que nos neurones. Ajoutez à cela les nouveaux moyens de communication – téléphone, ordinateur portable –, où l’on peut être à la fois présent et absent à ce que l’on vit… Nos personnalités sont éclatées. Il y a urgence pour nous à travailler à être présents ». Être présents à soi et au réel pour ne pas être emportés dans une vie dépourvue de sens, tel est l’enjeu. Il peut paraître simple, mais il s’atteint à travers une certaine forme d’ascèse. Nos esprits étant sans cesse « en promenade », balancés entre nos impressions du passé et nos rêves d’un avenir meilleur (le syndrome « passe ton bac d’abord » ou « quand je serai grand » dans lequel nous avons été programmés), nos préjugés et nos croyances, nous courons sans cesse le risque de laisser échapper le réel, et donc la vie. Il nous faut une profonde intériorité pour vivre l’instant présent. Il nous faut la Force incommensurable de la prière pour entrer dans un cœur à cœur avec Dieu et ne point vivre à la surface de nous-même.
Cela représente le combat spirituel de ce siècle. Il est indispensable pour nous forger un esprit ancré dans l’existence. Pour prendre possession de notre temps et l’habiter. Pour ne plus vivre à côté des autres, de nous et de Dieu.
Donner un Sens au temps qui passe, c’est le respirer à plein poumons, même si celui-ci n’est pas toujours radieux. Il nous fait accueillir les imprévus de Dieu Amour et de la Vie dans sa quintessence.
Bruno LEROY.
19:13 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, catholique, spiritualite, action sociale chretienne, spiritualite de la liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
09/04/2009
LA JOIE DE PÂQUES .
Les cerisiers en fleur
Ce matin, les célèbres cerisiers du parc des Sceaux m'ont dit qu'au bout de tous les hivers, il y a un printemps, mais les gens que je rencontrais avaient un air si peu joyeux que je n'ai pas osé le répéter.
Il me semble que les conversations deviennent cafardeuses. Même chez les chrétiens, champions de l'espérance. J'imagine un non-croyant qui découvre l'Évangile de saint Jean et tombe sur le verset 33 du chapitre 16: "Ayez confiance, j'ai vaincu le monde." Alléché, il cherche les disciples de ce vainqueur: "Quelle tête ont-ils ? Quels beaux rires de joie et de confiance? "
Nous ne rions pas assez. Nous chantons la victoire du Christ, mais une fois par an, dans une église. Nos alléluias n'ensoleillent pas les rues, ni même nos maisons, nous peinons à mener une vie pascale, celle où la joie défie la mort.
Pâques n'est vraiment Pâques que lorsque nous pouvons faire fleurir des printemps. Et nous pouvons. Quel pouvoir! C'est même ainsi que nous découvrons l'espérance, dès que nous voyons à quel point elle élargit le possible. Elle franchit les hauts murs, c'est son psaume qui l'affirme, le beau 17 avec son prodigieux 30: "Avec toi, Seigneur, je saute le ravin, je franchis la muraille."
-La vie est trop difficile.
-On l'a dit à Jésus. Il a répondu en définissant à jamais l'espérance: "Rien n'est impossible à Dieu."
André Sève, 365 matins 3 minutes d'éveil, Centurion, 1992
21:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MÉDITATIONS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite de la liberation, spiritualite, catholique | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |